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La journée de fraternité au Foyer Berlier de Niamey
La journée de fraternité au Foyer Berlier de Niamey
La vue d’un musulman invité à la journée de fraternité organisée par des étudiants catholiques
Le 26 juillet 2020, l’Aumônerie catholique des étudiants de l’Université et des grandes écoles de Niamey (connue sous le nom du Foyer Berlier) a organisé la journée de fraternité entre les étudiants de Niamey. La journée a commencé après la messe hebdomadaire de dimanche, aux environs de 11h. A la fin de la messe, le prêtre invite les fidèles à participer à la journée organisée par le foyer. Cette journée se tient chaque année à la veille des grandes vacances pour permettre aux étudiants d’oublier, un moment, les bancs de salles de cours et de se regrouper autour d’un sujet qui n’est pas académique.
L'entrée du Foyer Berlier. Photo prise par Bello A Mahamadou
A la sortie de la messe, j’ai profité du temps de l’installation des chaises et de l’orchestre de la chorale pour faire le tour de la bibliothèque du foyer. Cette dernière se caractérise par la diversité de ses livres. J’ai fait le tour des armoires des différents livres avant de trouver celui ceux de la sociologie. Si ce n’est le cadenas, j’allais consulter quelques-uns. Le silence qui caractérisait la salle fut interrompu par l’entrée de deux sœurs religieuses qui voulaient déplacer les tables de lecture. Je les ai aidés à superposer quelques-unes et à placer deux à côté de la fenêtre. Ces sœurs avec deux étudiants étaient chargées de la vente des tickets des boissons et de plats pour la journée.
Pendant ce temps, les étudiants repartis en les équipes se hâtent à accomplir leurs tâches. Côté nourriture : deux équipes différentes, loin d’une de l’autre, se chargeaient de la grillade (de la viande de poulet et celle du porc). Une équipe s’occupait de frire la patate douce, une autre de préparer le gari. Une autre équipe se chargeait de la vente des boissons locales et importées.
La bibliothèque du Foyer Berlier. Phtoto prise par Bello A. Mahamadou
Dans la cour, des chaises des invités étaient installées sur la terrasse de la bibliothèque où une bâche fut installée et sous des arbres. En sortant de la bibliothèque, j’ai croisé le prêtre qui avait dans ses bras une petite fille âgée de moins ans. Après les salutations, il m’a invité à m’assoir à côté de lui. On a placé nos chaises au-devant, juste aux côtés de la chorale. C’était un privilège pour moi d’être assis à côté du premier responsable de l’église. Cette position me gênait également parce qu’elle m’exposait aux regards de tous les invités, étant assis à la première position. Etant chercheur et profane du christianisme, sa compagnie était une occasion pour moi de poser toutes les questions qui me venait à l’esprit, qu’elles soient en lien avec la journée ou avec le catholicisme. Je lui ai posé toutes les questions auxquelles je pensais au point d’avoir peur de l’agacer. Heureusement pour moi, il n’a fait aucun signe de fatigue ou de désintérêt face à mes interrogations. Je l’ai trouvé très ouvert et attentionné. Il était disposé à me répondre à me faire comprendre l’importance de cette journée pour le foyer mais surtout pour les étudiants.
Vue de face de la bibliothèque. Photo prise par Bello A. Mahamadou
11h45, toute l’équipe de la chorale était prête et n’attendait que le début du spectacle. Les membres de la chorale étaient habillés en pantalons (pour les garçons) ou jupes (pour les files) noirs et en chemises blanches. Ils portent chacun une écharpe sur leurs épaules sur laquelle est écrit le nom de la chorale, Chorale chœur des anges. Un étudiant a pris la parole en premier pour remercier les uns et les autres pour leur présence, annoncer le début des festivités et souhaiter une belle journée de fraternité à tous.
Le premier chant était intitulé ‘’le silence’’. Malheureusement pour moi, j’avais autre chose à l’esprit ce qui m’a éloigné du ‘’silence’’ chanté par la chorale. J’observais les va-et-vient des membres des différentes équipes et les différents participants. Le deuxième chant était en une langue que je ne comprenais pas. Je m’étais concentré pour saisir le message passé lorsque le prête, assis à mes côtés, comme s’il avait lu dans mes pensées, m’a dit qu’ils chantaient en une langue ghanéenne. Ils avaient enchaîné des chansons en langues africaines (ivoiriennes, togolaises, camerounaises, etc.). Les membres de la chorale, chacun en fonction de la langue qu’il comprend, chantent une chanson. Il arrive que seul le chanteur principal comprenne le message de son chant. Les autres répètent suivant le rythme du chant. Yesu nagode (merci Jésus, en langue hausa) fut la chanson qui m’a plus plu. Elle fut chantée par une étudiante camerounaise avec une voix douce et mélodieuse. Un étudiant, survolté par la chanson, vient en dansant mettre un billet de banque dans une calebasse spécialement placée devant les chanteurs.
Les différents plats étaient prêts dès 12h15. Un à un les participants minus de leurs tickets payés à 1000f CFA partent se servir auprès des serveurs. J’étais impressionné de voir certains se faire servir leurs plats dans une même assiette pour manger ensemble en rigolant et en se taquinant. Cependant, depuis mon arrivée à 10h, j’avais soif et je n’avais rien pris pour me soulager. A cela s’ajoute une petite faim qui commençait à me grignoter. Vers 12h 30, à l’insu du Prêtre car ne pouvant pas lui faire part de ma situation, j’ai fait le tour des vendeurs afin de trouver quelque chose à voir ou à manger. J’étais parti voir les vendeurs des tickets des boissons. Comme je ne prends pas de bières, j’ai opté pour la ‘’boisson naturelle’’. Or, cette dernière était le nom donné à une bière locale, le dolo. Sans le savoir, j’ai failli m’offre une bouteille bien fraiche. Heureusement qu’une sœur religieuse parmi les vendeuses m’a averti. J’avais rejoint ma chaise sans rien prendre. Aux environs de 13h10, le prêtre me dit qu’il va commander un plat et me demande de faire mon choix en me présentant le menu. Connaissant ma religion, il me déconseillât le porc en me proposant le poulet. Afin d’éviter le porc, il a dû réajuster son menu et attendre l’arrivée de mon plat, plus de 10mn après le sien. Ça m’a gêné de le faire attendre. Mais je n’avais pas le choix vu qu’il avait insisté.
Après avoir pris son plat, le prêtre prend le micro pour chanter une chanson religieuse. J’étais surpris de le voir chanter. Pour moi, une personne de son rang ne doit pas chanter et danser en public. Et pourtant, il a chanté et invité d’autres fidèles également vu que les choristes avaient fini leur prestation. Plusieurs fidèles l’ont rejoint les uns pour chanter, d’autres pour danser.
Quelques minutes après avoir mangé, certains invités avaient commencé à déserter le foyer. Aux environs de 14h, j’ai quitté le foyer pas parce que l’ambiance est devenue morose mais parce qu’il était l’heure de la prière de zouhr. Il me fallait trouver un prétexte pour prendre congé de mon hôte, le Père Eric. Je sais qu’il pouvait me trouver un espace pour prier, mais je n’ai pas voulu l’importuner davantage avec ma différence. Ainsi, j’ai quitté le foyer avec pleins de souvenirs.
Cette journée couplée avec la messe de dimanche était ma première expérience de participer à une activité organisée par les catholiques. J’avais certes participé aux messes des évangéliques et pentecôtistes. Mais cette expérience n’avait rien en commun avec celle que j’ai vécue. Les étudiants étaient habillés en leur ‘’tenue de 31’’. Les filles comme les garçons, chacun portait sa plus belle parure. L’habillement des filles côtières m’a beaucoup tiqué. Elles portaient des habits serrés et certaines d’entre elles portaient des mini-jupes, un habillement loin de la culture nigérienne. Toute la journée je me demandais comment se fait-il qu’elles portent de tels habits dans un lieu saint que l’église. Malheureusement pour moi, je n’ai pas osé poser la question au prêtre ou à ces étudiantes. Ce qui m’aurait permis d’avoir leurs propres lectures. Je ne suis contenté de mon jugement de valeur.
La journée était riche en ambiance. C’est jour-là, les frontières terrestres et nationales sont brisées et oubliées. Les étudiants d’origine diverse constituaient un même corps. Ils causaient, riaient, chantaient et dansaient oubliant tout de la faculté et de leurs fascicules. La journée était une fête loin des soucis des bacs des salles et la vie dure d’étudiant. Seul souci de ces derniers, la douleur de la séparation (entre camarades) et le plaisir de rencontrer la famille (une fois rentrée au pays). En effet, si certains étudiants étrangers passeront leurs vacances au Niger à cause de la pandémie de la Covid-19, d’autres rejoindront leurs familles.
J’étais émerveillé de voir des étudiants étrangers chanter en hausa, une des langues de mon pays et une langue qu’ils ne maîtrisent pas bien d’ailleurs. J’étais aussi surpris de voir une étudiante pentecôtiste parmi les invités, et certainement, elle n’est pas la seule. Pour moi, vu la différence doctrinale entre les catholiques et les pentecôtistes, ces derniers n’accorderont pas d’importance aux activités des premiers. Enfin, j’ai compris qu’à travers cette journée, les étudiants ont transcendé leurs différences doctrinales pour se focaliser sur ce qui les unissait, leur identité ‘’étudiant’’.
Bello Adamou Mahamadou, 10.08.2020- Get link
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Merci d'avoir partagé cette expérience combien de fois enrichissante.
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